Un métier, une personne exceptionnelle on l'appelle Coco

Un métier qu'il me parait important de présenter à La Senioressance c'est celui d'ambulancier. Je vais vous faire découvrir l'univers d'une femme exceptionnelle, que l'on n'appelle Coco, elle a 48 ans et c'est une passionnée comme il en existe dans divers corps métiers...

Ambulancière un métier pas facile pour une femme comme pour un homme, quelle qualité est requise pour acceder à ce poste ? Y'a t'il un âge défini ?

Pas d’âge défini, il faut 3 ans de permis minimum, le Brevet de premier secours, une visite médicale et un stage de 140h en entreprise pour accéder à la formation qui est de 5 mois à 1 an (en continue ou en alternance, selon les régions) pour le DEA (Diplôme d’Etat d’Ambulancier) afin d’acquérir les techniques de relevage, d’ergonomie, d’utilisation du matériel et de soins d’urgences (car ce métier ne se limite pas aux consultations) Ainsi qu’une connaissance assez pointue de l’anatomie humaine. Pour les AA (Auxiliaires Ambulanciers) la formation est plus courte mais à la finale, à force de travailler ensemble, nous faisons le même métier et nous nous transmettons mutuellement nos connaissances.

Vous êtes donc en contact direct avec divers handicaps et maladies. Comment gérer vous cela moralement ?

Moralement… J’essaye de faire la part des choses… Nous ne pouvons, bien évidemment, rien changer à cette fatalité que peut être le handicap, la maladie ou la traumatologie mais si nous faisons tout pour apporter le confort et le réconfort tant que nous sommes aux côtés de nos patients, nous ne pouvons que nous en sentir fiers. Bien sûr il y a des moments douloureux mais une fois chez soi, il faut apprendre à laisser tout ce qui est du métier de côté jusqu’au début de la prochaine journée et parler entre collègues de ces moments que nous vivons chacun avec nos ressentis et émotions.

Racontez nous une journée avec vous en ambulance ?

Nous savons, généralement, à quelle heure nous commençons la journée, la veille au soir. Suivant l’organisation de chaque entreprise, mais chez nous, vous savez où vous rendre pour la première consultation, dialyse ou autre et au fil de la journée vous êtes en contact avec votre régulation en permanence qui vous dit où vous rendre pour emmener un(e) patient(e) au lieu de son rendez-vous. Ce rajoute à cela des urgences ou transfères, ce qui fait que vous ne savez jamais à quelle heure vous finissez.

Chaque personne sera traitée différemment, techniquement selon sa pathologie et humainement selon sa personnalité ----à Les personnes qui aiment blaguer ou non, qui aiment tenter de faire le plus possible par elles même, qui aiment qu’on les aide au maximum, qui sont tactiles ou pas, qui aiment parler de leur maladie ou plutôt de leur famille ou de la pluie et du beau temps… J'emploie le verbe aimer mais ce sont plus des envies ou besoins. Nous sommes en équipage de 2 en ambulance (toujours un de nous avec le patient) et seul en vsl (véhicule sanitaire léger). Pour ma part j’ai choisi, depuis 4 ans, de ne faire que les urgences et je ne fais que les gardes de nuits, de 20h à 8h et un week-end par mois en journée de 8h00 à 20h. Mes nuits se passent donc dans un local de garde à 25 kms du SAMU qui nous transmet les appels d’urgences pour un territoire d’environ 45km de rayon (et je sais faire la différence entre le rayon et le diamètre)...

Ce métier exige un contact très humain et surtout celui d' avoir un bon gps avec soi pour le transport ici et là, comment vivez vous ces transports ?

Un bon GPS, oui, étant à la campagne je le remercie au quotidien car nous avons souvent un nom de lieu-dit pour adresse complète. Chaque transport sera vécu différemment, selon le patient, son état de santé et l’équipage. Pour ma part la mise en confiance doit s'instaurer dès notre arrivée, une fois le bilan effectué et transmis au SAMU il faut que la personne ressente que nous sommes à la hauteur de notre mission mais aussi que son confort est très important. Je peux souvent lire la peur dans les yeux de certaines personnes et il est très courant que si leur personnalité s’y prête, je leur tienne la main durant le transport, tout en leur parlant de ce qu’elle souhaite (leur passé, leur famille le plus souvent) Je n’oublie pas de faire faire le petit bisou aux proches si la prise en charge est au domicile ;) Il y a tellement à dire que je ne vous transmets peut-être pas l’essentiel…

Les personnes âgées sont souvent ceux que vous guidez pour des examens ou des hospitalisations. La patience doit très certainement faire partie de vos qualités comment faites vous pour y accéder en sachant que le délai d'attente est parfois très long avant que votre passager soit pris en charge ?

Je n’ai jamais eu le souci de l’impatience, quand je travaillais de jour, cela fait partie intégrante du métier. Du stress parfois quand nous savons que nous serons en retard au prochain rdv si celui-ci s’éternise trop, mais nous appelons notre régulation qui pourra peut-être envoyer un autre équipage ou vsl à notre place… Le respect des horaires est important pour que la personne soit détendue et nous fasse confiance.

Comment vivez vous vos fins de journée, avez vous du temps pour vous posez un peu ?

Oui, pour ma part, en ne faisant que les gardes, mes horaires sont fixes, bien sûr l’heure de fin est aléatoire selon l’heure de la dernière prise en charge. Mais pour mes collègues de jour c’est plus compliqué, au fil de la journée il y a des imprévus, des consultations qui se rajoutent, des urgences et ils ne connaissent jamais l’heure de fin de journée. Il n’est pas rare de finir très tard en ayant commencé très tôt et de revivre la même chose les jours suivants… De mon côté j’ai du temps libre et de ce fait je suis bénévole dans une association de secouristes

Le métier d'ambulancier est il plus difficile pour une femme que pour un homme, ou au contraire il a bien des inconvénients parce que vous êtes une femme ?

Je ne vois aucun inconvénient à être une femme, mon binôme est une femme aussi et cela ne nous pose aucun problème, notre matériel et nos techniques rendent presque tout réalisable… Presque, parce que bien évidemment une personne forte, ne pouvant se déplacer, à l’étage avec escalier en colimaçon ou non sécurisé, nous appellerons du renfort tout comme nos collègues masculins. Nos renforts peuvent être nos collègues disponibles ou les pompiers.

Quelles sont les petites attention que vous avez à vos envers vos personnes âgées que vous avez l'habitude de transporter ? Êtes vous amener à aller en maison de retraite, ou vous êtes juste attitrés pour des hôpitaux ?

Nous allons aux domiciles et dans toutes les structures de soins ou d’accueil existantes. Personnellement, les petites attentions sont minimes mais tellement importantes pour nos petits papys et petites mamies… Déjà le Bonjour Mr ou Mme accompagné d’un franc sourire, leur expliquer où nous allons et si nous allons les ramener car bien souvent, en maison de retraite (pas toutes mais beaucoup) les personnes ne sont même pas au courant de notre venue et nous chamboulons leur état d’esprit, il est donc important d’établir un contact de confiance et de bien-être. Je peux leur demander quel vêtement ils veulent mettre, leur donner un petit coup de peigne rapide et durant le transport si je sens qu’il y a toujours des craintes et que la situation s’y prête je peux leur caresser la main, voire la joue pour les petites mamies toutes désorientées de voir de l’imprévu dans leur journée. En gros j’agis comme j’aurais aimé qu’on le fasse avec mes grands-parents.

Je suis inscrite au prochain concours d’entrée en formation d’aide-soignante, je ne sais pas encore si je travaillerai en structure de soin ou à domicile, ni même si cela me servira vraiment mais il est sure que c’est une corde que je veux ajouter à mon arc, à suivre…

Sentez vous une certaine reconnaissance à votre égard ?

Oui de la part de nos patients et Non pour le corps médical ou le ministère auquel nous sommes affiliés. Nous faisons partie du Ministère des transports pour ce qui est de notre convention collective, bien que nos diplômes d’états soient signés par le Ministère de la santé. Si dans quelques endroits et par quelques personnes nous sommes considérés comme des transporteurs ou des livreurs, je m’en défends haut et fort, nous ne véhiculons ni de la marchandise, ni des colis mais nous faisons bel et bien partie intégrante de la chaîne des soins..!

Qu'aimeriez vous que l'on reconnaisse dans votre métier d'ambulancière ? Quel conseil donneriez vous à une personne souhaitant exercer le même métier que vous ?

J’aimerai que le côté paramédical soit plus reconnu, nous sommes formés aux gestes d’urgences et côtoyons toutes formes de pathologies, traumatismes, handicaps et psychiatries.

J’aimerai être régie par le ministère de la santé et que nos horaires soient pris en charge à 100%, car il faut savoir qu’en journée notre temps est compté à 90% et en garde de nuit ou week-end à 75% = 10h payées 9h de jour et 12h payés 9H en garde, ce qui nous fait faire beaucoup d’heures / mois pour atteindre les 152h du temps complet. Le seul conseil que je pourrai donner pour faire ce métier c’est d’aimer les gens, d’être passionné afin que cette passion prenne le dessus sur les contraintes d’horaires et d’organisation.

Voilà un résumé de la façon dont je vis ma profession, bon courage à tous et peut-être à bientôt sur La Route

Merci Coco, pour ce témoignage une belle expérience, un beau métier pour ceux qui souhaitent suivre une reconversion...

Propos recueillis par Linda Leininger Naturopathe - Sophrorelaxologue

Lutte pour la Bientraitance en Institution et à Domicile

Un métier et une femme exceptionnelle !

Partager cet article